CALVINO précise que « L’amour de Marcovaldo pour la nature ne peut exister que chez un homme de la ville […] cet homme étranger à la ville est le citadin par excellence. » (1)  Marcovaldo est en perpétuel décalage, étranger au monde et à lui-même. Il y a un dérèglement, un disfonctionnement inéluctable que Calvino distille avec un humour subtil. Marcovaldo tel un chevalier errant part à la recherche du Jardin d’Eden inatteignable. Sa quête obstinée du Paradis Perdu, est d’avance vouée aux ratages, qui nous émeuvent, nous atteignent en provoquant nos rires comme les chutes réitérées du clown. Mais, clown naïf et têtu, enfant opiniâtre, Marcovaldo se relève et sans cesse repart pour de nouvelles aventures !
 
Dans sa présentation de l’édition scolaire de 1966, Italo CALVINO écrit que «pour en souligner le caractère de fable, les personnages de ces saynètes de la vie contemporaine – qu’ils soient balayeurs, gardien de nuit, chômeurs, magasiniers – portent des noms pompeux, médiévaux,  quasiment des noms de héros chevaleresques »(2) : Marcovaldo, Domitilla, Sigismondo, Amadigi, Alboïno, Godifredo…
 
MARCOVALDO : « Livre pour enfants ? Livre pour adultes ? » Italo CALVINO confie que « sous couvert de structures narratives extrêmement simples », fables enfantines, il « exprime son rapport avec le monde, fait de perplexité et d’interrogation. » (3)  Au rythme des saisons, nous voici donc transportés par ces 3 récits épiques, mythiques, qui touchent tous les âges pour des spectateurs à partir de 11 ans environ.
 
1)Présentation de l’édition scolaire (1966) de Marcovaldo par Italo Calvino, Traduit par Eliane Deschamps-Pria, « Romans nouvelles et autres récits » Edition du Seuil , 1990. p. 809
2)Ibid. p.806
3)Ibid. p. 811-812
Marcovaldo
 
Un prolo italien. Gilet jaune avant l'heure en bleu de travail. Paysan déraciné en ville par l'exode rural. Ecolo avant l'heure, cherche de la Nature en Ville
Fondamentalement à côté de la plaque, il est le grain de sable qui fait dérailler la machine.
 
Italo Calvino écrivit "Marcovaldo ou les saisons en ville" dans les années 1950 alors qu'il était au parti communiste italien. Il y a un curieux mélange de néo-réalisme (genre "affreux sales et méchants") et de contes traditionnels. Calvino avait fait un énorme travail de collectage sur les contes populaires en divers dialectes. Il est aussi un auteur scientifique érudit, avec une formation de botaniste, et passionné d'astronomie. Ses personnages sont comme vus à la loupe, décrits par un entomologiste, et en même temps perdus dans une dimension plus vaste, cosmique et métaphysique.
 
L'écriture d'Italo Calvino est d'une grande acuité sensorielle. Par les mots, elle suscite une poétique des perceptions tant au niveau visuel, auditif, gustatif, olfactif, et tactile.
     Accueil          En ce moment          Au Répertoire          Historique          Liens          Contacts      
Spectacle tous publics à partir de 11 ans.
Durée 1 h 10
3 histoires : Champignons en ville, Lune et Gnac, Le lapin vénéneux.
 
Marcovaldo est manœuvre, il vit dans une mansarde avec sa femme et ses six enfants dans une grande ville d'Italie. C'est une sorte de Charlot père de famille. Sa quête de nature lui vaudra une suite d'aventures cocasses : cueillir des champignons à l'arrêt du tram, se battre contre une enseigne publicitaire lumineuse, devenir l'ami d'un lapin vénéneux.
Il est aussi insignifiant et inadapté que la plupart d'entre nous, c’est pourquoi on l’aime. Et l'on rit !
 
"Ce qui transparait dans l’art de Calvino c’est une bonté." Roland Barthes
« Marcovaldo »
d'Italo CALVINO
traduction Martin Rueff, Editions Gallimard 2017
avec Raphaël Simonet
mise en scène Pascal Magniez